Bruxisme et déglutition atypique

Ce bruxisme est connu et intrigue l’homme depuis très longtemps. C’est Hippocrate, le père de la médecine, qui observa le premier des phénomènes d’usure dentaire. Il déclara : « l’usure dentaire reflète le désarroi de l’esprit ». Mais l’étude de cette pathologie a réellement commencé il y a un siècle environ, et beaucoup de questions restent encore à résoudre. L’étiologie, le diagnostic et le traitement sont controversés. Etant donné que le bruxisme a probablement une origine centrale (anxiété, stress, émotions) dont les mécanismes sont encore mal compris, il ne semble pas exister à ce jour de traitement réellement efficace, mais plutôt des solutions palliatives.

Présenté classiquement comme des contractions inconscientes et involontaires des muscles manducateurs en dehors des fonctions physiologiques, le bruxisme complique considérablement les plans de traitement en odontologie quelque soit le domaine impliqué, parodontal, orthodontique, prothétique simple ou implantoporté. Aussi, il faut le diagnostiquer à un stade précoce car il peut provoquer des dégâts importants au niveau des différents systèmes de l’appareil manductateur : dents, parodonte, système musculaire et ostéo-articulaire, révéler un « terrain » psychologique particulier à prendre en charge.

Le bruxisme est une déviation du système manducateur qui est caractérisée, entre autres, par le serrement ou le grincement des dents pendant le sommeil ou pendant l’état d’éveil. Bien que ce ne soit pas une altération vitale, c’est un phénomène qui peut altérer la qualité de vie des individus. Lorsque l’usure des dents est supérieure à ce qui correspondrait à l’âge de l’individu, on peut considérer qu’elle est pathologique.
Les auteurs sont nombreux à chercher l’établissement d’une relation entre bruxisme et dysfonctions ou douleurs des articulations temporo-mandibulaires. Strausz et al. remarquent un accroissement du phénomène de bruxisme depuis l’adolescence vers la période jeune. Puis elle diminue avec l’âge pour atteindre 3% chez les sujet âgé. Van Selms et al. estiment que le stress excessif peut être retenu comme cause du bruxisme de l’éveil. Le bruxisme du sommeil oblige dans 90% des cas les patients à recevoir un traitement des dysfonctions de l’appareil manducateur (DAM). Serviere en 1988 établit une relation entre DAM et déglutition atypique.Thorpy, cité par Lavigne et al., remarque chez les bruxomanes l’existence d’une déglutition nocturne anormale.

Fricton et Schiffman conseillent de contrôler la position de la langue en cas de myalgie ou d’arthralgie masticatrice. Castelo et al.prouvent que chez les jeunes enfants la déglutition atypique est la seule parafonction qui puisse être incriminée dans l’apparition de DAM.
Les sujets bruxomanes déglutissent presque deux fois plus fréquemment que les sujets normaux. Les conséquences majeures du bruxisme sont l’usure, l’hypersensibilité et la fracture des dents. Les patients les plus nombreux usent davantage, et ce, de façon très visible, les dents antérieures par rapport aux dents postérieures.
Chez les patients qui usent plus nettement les dents antérieures par rapport aux dents postérieures, nous retrouvons systématiquement associée à ce phénomène la présence d’une déglutition atypique. Il nous semble que ces patients souffrent d’un bruxisme du sommeil.
L’usure débute par la pointe des canines maxillaires supérieures. Cette observation nous paraît aujourd’hui constituer un signe pathognomonique du bruxisme du sommeil.
Si l’origine du bruxisme de l’éveil n’est pas connue, nous établissons une relation entre bruxisme du sommeil et déglutition atypique.
Complications possibles du bruxisme : 

  • Dentaires : hypersensibilité, usure, perte d’émail à la jonction gencive-dent,, fêlures, fractures .
  • Parodontales : rétractions gingivales, fissures, migrations ou mobilité des dents, exostoses .
  • Tensions musculaires,  particulièrement matinales, douleurs des articulations des mâchoires, douleurs cervicales, maux de tête voire fibromyalgie, hypertrophie des muscles élévateurs .
  • Fractures et/ou usures des matériaux de reconstitution et des prothèses dentaires .
  • Morsures des joues, des lèvres, et des bords latéraux de la langue .

En dehors du port nocturne d’une orthèse destinée à préserver dents, parodonte, ménisques et muscles des complications du bruxisme, aucun traitement ni curatif ni préventif ne peut être proposé aujourd’hui.
Nous établissons une relation entre bruxisme du sommeil et déglutition atypique, ce qui ouvre une voie nouvelle de thérapeutique et de prévention.