Mauvaise Haleine

Le Dr Cohen, dentiste à Paris 16 (75) vous présente des questions fréquentes sur la mauvaise haleine.

«La mauvaise haleine est d’origine bucco-dentaire dans plus de 70% des cas»

 

Qu’est-ce que la mauvaise haleine ?

La mauvaise haleine peut provenir d’une carie, d’un abcès, d’une inflammation des gencives, d’éléments prothétiques mal réalisés ou mal entretenus… ou d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire. En fait, de nombreuses bactéries, pas forcément pathogènes, présentes dans la cavité buccale vont dégrader des protéines issues de l’alimentation, de la salive ou de cellules buccales en composés « sulfurés volatils », vecteurs de l’halitose.

 

 

 

Comment peut-on la diagnostiquer ?

Le chirurgien-dentiste est habilité à diagnostiquer une cause locale, afin de proposer un traitement et d’y associer des mesures hygiéno-diététiques simples et efficaces. Le diagnostic repose sur la perception de la mauvaise haleine pendant que le patient parle. Au cours de l’interrogatoire effectué sans port du masque, il est intéressant de noter les antécédents médicaux et chirurgicaux, les habitudes alimentaires et d’hygiène bucco-dentaire. Il faut éliminer une mauvaise odeur en provenance du nez (perçue même quand le sujet ne parle pas) due à une pathologie nasale.

 

 

 

 

Quelles sont les origines buccodentaires de la mauvaise haleine ?

Tous les facteurs qui favorisent la rétention des débris alimentaires, à savoir la gingivite (inflammation des gencives d’origine bactérienne), la parodontite (atteinte profonde des tissus de soutien de la dent avec poches parodontales et perte osseuse), une carie (parfois difficile à diagnostiquer mais révélée par l’examen radiologique), un abcès, des prothèses ou des plombages défectueux, un mauvais alignement dentaire et l’odeur émise par l’enduit ou une mycose de la langue.

 

 

 

 

Que se passe-t-il si l’examen bucco-dentaire est normal ?

Dans ce cas, le chirurgien dentiste adressera son patient à un médecin spécialisé en ORL, en gastro-entérologie ou en médecine interne, pour rechercher une cause loco-régionale ou générale. Il existe en effet des causes ORL. D’abord, l’amygdalite caséeuse. Un examen de l’oropharynx repèrera un ou plusieurs amas blancs ou jaunâtres, dans une seule ou les deux amygdales. Parfois, le patient a repéré lui-même qu’il crachait de temps à autre des petites masses nauséabondes. En appuyant en périphérie, avec un portecoton, l’amas caséeux sort de la crypte, et la mauvaise haleine disparaît. Mais ce mieux n’est souvent que transitoire. Le traitement fait alors appel à l’amygdalectomie chez l’enfant, une vaporisation des amygdales au laser CO2 chez l’adulte. La rhinosinusite chronique dont l’un des symptômes est la rhinorrhée postérieure. Cet écoulement est parfois fétide, surtout si la sinusite est d’origine dentaire. Le motif de consultation est cependant plutôt l’obstruction nasale, la toux nocturne ou des maux de tête.
Une cause exceptionnelle mais grave qu’il faut éliminer est le cancer de la cavité buccale ou du pharynx. Les hyposialies (diminution de la salivation) entraînent une sécheresse buccale, source de mauvaise haleine. Elles peuvent être d’origine diverses : les médicaments (surtout les antidépresseurs tricycliques), les antécédents de radiothérapie cervico-faciale, le syndrome de Goujerot avec « yeux secs et bouche sèche », le jeûne et le tabac. Enfin, je tiens à mettre l’accent sur une cause que l’ORL doit rechercher, c’est la respiration buccale pour laquelle il faut rechercher et traiter une cause d’obstruction au niveau du nez.

 

 

 

 

D’autres causes sont-elles responsables de la mauvaise haleine ?

Oui, il y a aussi des causes digestives, surtout le reflux gastro-oesophagien avec ou sans hernie hiatale. Pendant la fibroscopie, on retrouve une congestion des aryténoïdes. L’hélicobacter pylori sera systématiquement recherché afin de le traiter. J’évoquerai aussi les colopathies avec excès de fermentation, une infection pulmonaire, une insuffisance rénale, certaines maladies hématologiques. Le diabète, surtout s’il n’est pas équilibré, augmente le risque et la gravité d’infections dentaires, de caries, de gingivites, de parodontites. Ces lésions bucco-dentaires vont à leur tour aggraver le diabète. L’imprégnation hormonale et les renvois fréquents peuvent expliquer la fréquence des gingivites et l’haleine particulière qui surviennent au cours de la grossesse.
Enfin, l’ail, l’oignon, l’échalote souvent consommés crus, l’alcool, l’abus de café et le tabac sont responsables de mauvaise haleine. De plus, le tabac est un facteur de risque de gingivites et de parodontites.

 

 

 

 

Quelles sont les solutions envisagées par le chirurgien dentiste pour combattre la mauvaise haleine?

Tout d’abord dédramatiser et rassurer le patient en lui proposant une réponse adaptée. Traiter les caries et les infections, changer les prothèses et les plombages défectueux, soigner les parodontites (curetage ou surfaçage des poches parodontales), éliminer le tartre (détartrage), si possible aligner correctement les dents (orthodontie). Ensuite améliorer son hygiène buccale en renforçant le brossage dentaire et gingival, en utilisant le fil dentaire ou les brossettes interdentaires, un hydropulseur, un grattelangue en cas d’enduit lingual manifeste ou un bain de bouche de façon non prolongée. Il convient également de modifier ses habitudes alimentaires (ail, oignon, échalotes, épices, alcool, abus de café…), avoir une alimentation équilibrée sans excès de graisse, réduire la consommation de tabac à défaut d’obtenir l’arrêt et s’hydrater beaucoup, y compris au coucher pour réduire la mauvaise haleine au réveil. Je conseille également d’utiliser des substances parfumantes telles que le menthol, l’eucalyptol, la girofle… que l’on trouve dans les dentifrices, les bains de bouche, les sprays, le chewing-gum, les pastilles… qui agissent de façon transitoire.

 

 

 

 

Quelles mesures préconisez-vous pour prévenir la mauvaise haleine ?

Le maintien d’une bonne santé bucco-dentaire est un excellent moyen de prévention de l’halitose. Elle prend en compte plusieurs éléments. D’abord, une hygiène bucco-dentaire correcte qui inclut trois brossages de 3 minutes par jour, de la gencive vers la dent, après chaque repas. Les poils de la brosse doivent être inclinés à 45° avec l’axe des dents, à cheval sur la gencive et les dents. Cela permet d’éliminer la plaque dentaire qui est cette pellicule jaunâtre collant aux dents, composée de débris alimentaires et de bactéries. Sans hygiène bucco-dentaire suffisante, la plaque se développe au bout de quelques jours et s’étend en surface pour se calcifier et former le tartre que seul le dentiste peut enlever. C’est un facteur d’irritation gingivale qui provoque rougeurs, gonflements, saignements, inflammation de la gencive, en d’autres termes, la gingivite. En l’absence de traitement, une gingivite non soignée peut aboutir à une parodontite, qui est une maladie bactérienne plus grave. Non traitée, elle va engendrer un préjudice esthétique (rétraction gingivale), une mauvaise haleine, des abcès gingivaux, des sensibilités aux racines, des douleurs à la mastication, un déchaussement et à l’extrême une perte des dents. Il faut choisir une brosse à dents souple, en nylon, à petite tête et à renouveler tous les 3 mois. La pression exercée doit rester modérée, au risque d’entraîner des lésions superficielles qui à la longue, favorisent la rétraction gingivale par irritation mécanique. Si la technique de brossage est difficile à maîtriser, alors la brosse à dents électrique peut faciliter la vie. Il est nécessaire de montrer au patient, grâce aux pastilles révélatrices qui colorent la plaque, que même excellent le brossage demeure insuffisant au niveau des espaces inter dentaires. Les brossettes sont indiquées pour éliminer la plaque et les tassements alimentaires au niveau des espaces inter dentaires larges ou lorsque les points de contacts sont infranchissables verticalement (couronnes soudées, bridges…). Il faut réaliser des mouvements de va-etvient en douceur. Au début, vous tordrez beaucoup de brossettes, mais une fois le bon geste acquis, elles procureront un grand confort. Quant au fil dentaire, il s’utilise tendu entre les doigts pour nettoyer les espaces interdentaires les plus fins, c’est-à-dire les incisives. Le fil ciré est recommandable dans le cas de plombages multiples. Il a moins tendance à accrocher, à casser et à blesser la gencive. Outre les dents, le brossage concernera aussi les gencives. Le dentiste va conseiller le brossage de la langue qui peut souvent réduire la mauvaise haleine en diminuant le nombre de germes susceptibles de produire des composés sulfurés malodorants.

 

 

 

 

De bons brossages sont essentiels, y a-t-il encore d’autres moyens de prévention ?

Oui. Des visites régulières chez le dentiste (deux fois par an est la norme conseillée) et une denture bien entretenue permettront de lutter contre la mauvaise haleine, socialement gênante et souvent vécue de façon honteuse.