Le bruxisme ou serrement fréquent et grincement des mâchoires est un comportement naturel, physiologique de décharge des tensions émotionnelles. Il est toujours provoqué par le système nerveux central (cerveau). Si ces crispations sont bénéfiques sur ce plan psychique, leurs excès majorent probablement l'ensemble des problèmes musculo-articulaires de la tête et du cou (même si ces problèmes ont des origines diverses). De réflexe de protection physiologique, le bruxisme peut alors devenir pathogène.
Globalement, on peut distinguer deux dimensions à ce phénomène :
- La dimension émotionnelle: une hyperréactivité émotionnelle déclenche des crispations fréquentes des mâchoires. En dehors de la diminution des excitants (café, tabac, etc..), elle relève d'une meilleure autogestion de sa réactivité émotionnelle par une approche psychologique dite cognitive. Une meilleure autogestion du stress le sur favoriserait aussi un sommeil plus de qualité. Si l'autogestion est insuffisante, la sophrologie, une prise en charge psychologique seront indiquées.
- La dimension automa « tic »: certains comportements sont devenus tellement habituels que leur déclenchement réflexe, inconscient, acquis, souvent par mimétisme, apparaît automatiquement en dehors de toutes tensions émotionnelles particulières. Ils relèvent essentiellement d'une auto rééducation comportementale. Il peut être utile d'accompagner cette auto rééducation par un psychologue comportementaliste, mais très souvent cela n'est pas nécessaire.
Ces hics, constamment entretenus par la simple habitude, sans ouverture par les tensions émotionnelles. Le patient peut nettement diminuer cette habitude excessive. Contrairement à ce que l'on peut penser, c'est souvent assez simple; il faut surtout d'abord en avoir envie et avoir bien compris comment faire, et laisser le temps agir.
Objectifs de la rééducation
Diminuer les contraintes sur les structures (dentaires, articulaires, musculaires). Pour relâcher ces tensions musculaires, il faut apprendre, le jour, à mettre sa mâchoire inférieure (mandibule) au repos et à respirer pas le nez.
Lèvres en contact, dents sans contact, langue ou palais.
Principes de la rééducation
Changer une habitude est essentiellement une question de motivation (d'envie, de compréhension de votre problème) et de persévérance. Il suffit de progressivement remplacer une habitude plus ou moins nocive par une meilleure. On s'adresse à la partie du cerveau qui gère les mouvements automatiques, le cerveau dit « reptilien. C'est le cerveau du crocodile qui dort en nous ! il est complètement idiot, aussi, il faut lui répéter très souvent la nouvelle consigne. C'est votre cortex (cerveau u intelligent ») qui doit générer la répétition quasi constante de la même séquence d'exercice pour obtenir le reconditionnement. Ce n'est que le jour, de manière consciente, que vous pouvez modifier des réflexes inconscients (même s'ils s'expriment aussi pendant le sommeil).
Corriger aussi une posture linguale basse et antérieure pour une posture de repos de la langue plus haute en contact avec le palais.
Méthode : Comprendre les postures :
La mandibule au repos
Au repos, la mâchoire inférieure est simplement « posée sur les lèvres : ma bouche entre-ouverte ni lèvres serrées. Ce léger contact labial est très important, il maintient l'humidité de la bouche, favorise la variation nasale et peut déclencher un réflexe de relâchement des muscles masticateurs.
MES DENTS
La posture de repos de la mandibule en Déglutition (avaler sa salive)
Ce mouvement est répété inconsciemment environ 1000 fois par 24 h (jour et nuit). Il faut éviter trois types de comportements « déviants » :
- La pression linguale contre les dents qui laisse l'empreinte des dents sur
- La stabilisation de la mandibule par l'interposition linguale entre les dents demande de gros efforts musculaires et déplace les dents.
- La déglutition crispée : souvent le "bruxeur » serre les dents lorsqu'il avale automatiquement sa salive, puis reste les dents serrées au lieu de relâcher.
La bonne attitude : Déglutir signifie caler doucement sa mâchoire inférieure sur ses dents pour faciliter le jeu des muscles. On amène donc les dents en contact, à ce moment la langue se plaque en haut contre le palais (surtout pas contre ou entre les dents), puis on avale avec très peu d'effort
L'exercice en 3 temps
- Observation : que suis-je en train de faire avec mes dents ?
- Posture de repos : lèvres en contact, dents sans contact, langue légèrement posée sur le palais sans pression, juste en arrière des incisives maxillaires.
- Ventilation nasale : inspirer doucement par le nez, sentir les odeurs.
- Respiration ventrale.
- Déglutition : mettre doucement l'ensemble des dents en contact (dents fermées), la langue se plaque contre le palais, en même temps que l'on avale. Ne pas interposer, ni plaquer, la langue contre les dents pendant la déglutition, ne pas crisper les lèvres, ne pas serrer les dents (« fermer n'est pas serré.
Dès que j'ai avalé ma salive, je décolle légèrement les dents, la langue reste en contact léger avec le palais » (posture de repos).
La répétition : indispensables 'pense-bêtes')
Dans toute auto rééducation, il est indispensable de disposer d'alertes sensorielles (pense-bêtes) pour déclencher l'exercice. Vous allez créer un nouveau réflexe conditionné et acquérir progressivement une posture de repas spontanée, plus fréquente le jour, et donc aussi la nuit.
- Pense-bête visuel: coller des gommettes (petites, bleu ou verte) sur des objets très souvent en face de vous (le volant de la voiture, le bracelet de la montre, le manche de la veste, ie clavier de l'ordinateur, etc.). À chaque fois que votre voit le point vert, vous déclenchez l'exercice.
... Pense-bête objet porté : changer votre montre de bras, porter sur vous quelque chose d'inhabituel (bracelet, bague...). Cette nouvelle sensation jouera le rôle de déclencheur de l'exercice
-- Pense-bête de situation; associer systématiquement certaines situations répétitives dans la journée (ouvrir une porte, la sonnerie d'un téléphone, etc.) au déclenchement de l'exercice. De même, identifier des situations dans la journée où vous vous êtes surpris à serrer les dents et créer au contraire conditionner un réflexe de relâchement.
Soyez confiant et donnez-vous un calendrier :
La rééducation cognitive-comportementale est un véritable traitement, beaucoup plus efficace et moins nocif que toutes les autres formes de traitement des dysfonctions musculaires. Vous devez l'aborder tranquillement, progressivement, sans en faire une source d'inquiétude supplémentaire.
En 4 à 8 semaines, vous devez commencer à sentir des résultats. Si vous avez du mal à acquérir ce nouveau réflexe, un accompagnement par un physio ou psychothérapeute peut être indiqué. Il vous aidera à apprendre le relâchement musculaire, la respiration, les postures de repos et de déglutition.
Conseils pour la rééducation des articulations temporo-mandibulaires
Masser les joues, les pommettes et les muscles masséters du côté droit et du côté gauche pendant 3 minutes.
Respirer à fond par le nez et expirer lentement en soufflant par la bouche en gonflant les joues pendant 15 secondes
Faire claquer la langue et ouvrir lentement pendant 15 secondes de façon fluide, sans à-coups
Avancer lentement la mandibule horizontalement pendant 15 secondes vers l’avant le plus loin possible et conserver la position pendant environ 10 secondes (fluide sans à-coups)
Faire une séance d’exercice par jour.
En résumé :
Serrer les dents est naturel, mais devient exagéré par une mauvaise gestion du stress. Serrer les dents peut-être aussi un simple tic acquis que l'on peut nettement diminuer par la rééducation.
Changer une habitude est essentiellement une question de motivation (d'envie, de compréhension du problème) et de répétition multiple, quotidienne, d'un cercle vertueux, un exercice simple, toujours le même.
- Observation : que suis en train de faire avec mes dents
- Posture de repos : lèvres en contact, dents sans contact
- Ventilation nasale
- Avaler: fermer les dents, langue au palais
- Posture de repos